D’ici peu nous verrons apparaître la 5e génération des réseaux mobiles. Ce phénomène mondial, soulève à la fois curiosité et interrogations…
Si l’on revient à peine dix ans en arrière, la 4G arrivait en France un 28 novembre 2012. A cette époque, la quatrième génération des standards révolutionne notre quotidien : lecture de vidéos et de musiques, téléchargements, streaming, jeux en ligne, applications géolocalisées, etc.
Ces fonctionnalités ont littéralement modifié notre utilisation des smartphones et font aujourd’hui parties de notre vie courante. L’arrivée prochaine de la 5G suscite un certain engouement.
A l’heure actuelle, on estime que la 5G apportera un réel bénéfice concernant la durée des téléchargements puisqu’elle deviendra presque instantanée même pour des fichiers lourds. Elle permettra également un transit de données moindre qui facilitera la communication et les échanges.
Enfin, cette nouvelle génération augmentera la capacité de connexion simultanée de plusieurs mobiles à un même réseau. Ces éléments attrayants nous questionnent cependant sur sa mise en place concrète dans nos villes.
C’est pourquoi Mohammed Ramdani, enseignant-chercheur en radio et hyperfréquence et compatibilité électromagnétique (RF-EMC) à l’ESEO nous éclaire sur l’arrivée de ce nouvel outil.
Mohammed Ramdani est enseignant-chercheur à l’ESEO au sein de l’équipe de recherche RF-EMC (Radio-fréquences et Compatibilité Electromagnétique)
Avez-vous des projets de recherche liés directement à l’arrivée de la 5G ?
Les projets de recherche de l’équipe RF-EMC s’inscrivent dans la durée. En effet, depuis longtemps l’équipe explore des bandes de fréquences de plus en plus élevées, comme celles utilisées dans la technologie 5G.
En savoir plus sur bandes de fréquences de plus en plus élevées
Les équipements dont dispose l’ESEO couvrent largement ces fréquences. L’équipe travaille également sur la réalisation d’antennes innovantes et sur l’effet des ondes électromagnétiques (millimétriques et autres) sur les équipements électroniques.
Par ailleurs, d’autres équipes de l’ESEO travaillent sur l’optimisation des débits des informations numériques utilisées qui est une autre problématique de la 5G.
Côté enseignement, l’option « Electronique des Objets connectés » proposée à l’ESEO va permettre aux étudiants de mieux appréhender l’utilisation des objets connectés qui vont être utilisés par milliards (au-delà de 30 milliards à l’horizon 2025) grâce à la 5G.
Comment vont être installées les antennes ?
Contrairement à la 3 ou 4G, la 5G utilise des fréquences hautes qui permettent un débit bien plus élevé mais une portée plus faible.
Dans un premier temps, nous allons devoir vivre avec la cohabitation de la 4G et de la 5G avec les antennes correspondantes. Les antennes qui vont être utilisées vont être performantes, avec plus de connexions car plus directives.
Si la fréquence des 26 GHz offre l’avantage d’un meilleur débit, elle sera en revanche plus atténuée au moindre obstacle, ce qui demanderait l’utilisation de plus d’antennes pour contourner ce problème.
Quelles fréquences vont être utilisées pour le bon fonctionnement de la 5G en France ?
Là aussi, le grand public va avoir affaire à des fréquences ou des bandes de fréquences rarement utilisées pour des applications civiles.
Dans un premier temps la fréquence 3.5 GHz va être attribuée, suivie ensuite de la bande des 26 GHz (on parle alors d’ondes millimétriques). C’est à cette fréquence que la 5G va offrir tous ses atouts.
Quel est l’intérêt de la 5G en tant que professionnel et en tant que particulier ?
Il faut savoir que le passage de la 4G à la 5G va représenter un saut technologique important. Les débits utilisés peuvent être multipliés par 10 !
Elle va donc accentuer la numérisation des entreprises en particulier et de la société en général avec un besoin unique : avoir la bande passante la plus large possible, autrement dit de la place. Les données vont alors circuler rapidement et en grand nombre à travers des réseaux encore plus performants.
Cependant, pour les entreprises, l’intérêt est évident : plus de données, plus de transferts et moins de saturation de réseaux. De plus, la latence (c’est-à-dire le temps d’arrivée de l’information à l’autre extrémité) est très largement réduite, ce qui est requis pour l’utilisation des voitures autonomes par exemple.
Quant aux individus, les choses vont s’accélérer comme le téléchargement d’une vidéo, le développement de la réalité virtuelle sur son smartphone, la réalité augmentée, la voiture autonome et bien d’autres applications.
Il y a-t-il des risques pour la santé ?
On comprend l’éventuelle inquiétude que peuvent manifester les futurs utilisateurs de cette nouvelle technologie.
Les connaissances dont nous disposons à travers nos travaux et les conférences auxquelles nous participons, montrent qu’à ce stade, aucun impact négatif sur la santé n’est avéré. Il faudra des années de recul pour pouvoir établir un constat complet.
Un point sur l’actualité 5G
Bien que la mise en place de la 5G prendra encore quelques années avant d’être fonctionnelle sur l’ensemble du territoire français, des expérimentations sont en cours dans diverses parties de la France. En effet, l’ARCEP a pu autoriser des entreprises à tester la 5G dans certaines villes.
C’est le cas notamment à Vélizy-Villacoublay où l’entreprise Bouygues Telecom utilise des fréquences de la bande 26,5-27,5 GHz depuis 2019 et ce, jusqu’en 2022.
De plus, en septembre se sont tenues les enchères pour l’attribution des fréquences en compagnie des grands opérateurs Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free.
Ces enchères permettent donc d’attribuer des blocs de fréquences aux opérateurs pour qu’ils puissent les proposer à leurs clients. Le prix de ces blocs s’élève à plusieurs millions d’euros et sont octroyées de manière à ce que chacun puisse obtenir des fréquences suffisantes.
Il faudra encore un peu de patience avant de pouvoir utiliser la 5G et en évaluer son impact. En attendant, les marques de téléphones mobiles commencent à commercialiser des smartphones qui pourront recevoir la 5G.